Il y a des idées qui vous paraissent géniales parce qu’elles vous surprennent, et d’autres qui vous paraissent tellement évidentes que l’on se demande pourquoi l’on n’y a pas pensé plus tôt. En Mai 2016 a eu lieu en France la première compétition entre étudiants passionnés de recrutement.
J’étais dans le jury et je vous raconte !
L’idée est venue de Pierre-Arnaud Andrieu, lui-même étudiant en RH, et a été mise en oeuvre par les trublions de Link Humans, l’équipe de référence pour tout ce qui touche au sourcing et au recrutement innovant à l’échelle du pays.
Une compétition nationale
Pour cette première édition, ils sont 54 étudiants venus des 4 coins de la France à avoir montré leur amour pour ce métier qu’il ne font encore que découvrir.
Une épreuve crédible
Par équipes de 2, les apprentis recruteurs se sont confrontés à une épreuve de sourcing pour retrouver un candidat dans les méandres d’internet. Ils devaient mener un vrai travail de détective booléen pour identifier le profil qu’on leur avait demandé de trouver.
Les 3 premières équipes à avoir réussi à identifier la personne cible et à l’avoir contactée se sont retrouvées en finale dans les locaux de l’IGS (merci Eric Le Deley pour l’accueil), et avaient 15 minutes pour évaluer, convaincre et créer l’échange avec un candidat pas facile à gérer, au métier on ne peut plus exotique : un éleveur de licornes.
Paul Maredsous, Eleveur de licornes
Des gagnants qui ont vraiment mérité leur place
L’équipe Les Raymond d’Yvette a remporté cette première Coupe de France du Recrutement. Katia Bonfante et Loïc Lengrand, tous deux en alternance au sein du groupe Manpower, viennent des écoles MBway et ESC Troyes.
Ils ont su adopter une approche personnalisée et créer un véritable échange avec le candidat. Ils n’ont pas cherché à attendre du candidat que les informations viennent toutes seules, ils ont été les chercher avec des questions pertinentes pour comprendre sa vision de son métier, ses attentes, ses envies et ses réussites (et c’est déjà pas mal en 15 minutes).
Katia, Loïc, à vous de savoir transformer l’essai en continuant de travailler dur et ne cessant jamais d’apprendre !
On a aimé :
-> La qualité des épreuves, pourtant simples et organisées en un temps très court. On était réellement dans le domaine de la mise en situation, et nous avons pu évaluer les candidats sur des compétences concrètes.
-> La dimension nationale du concours : dès sa première itération, cette compétition a su s’affranchir des microcosmes géographiques et des marchés locaux, et toucher des étudiants à travers tout le pays. Ce n’est pas un concours entre quelques écoles parisiennes, ni un raid régional : la géographie ne compte pas, l’école ne compte pas, tout est fait pour que seule la compétence soit prise en compte.
-> Faire partie d’un jury composé de professionnels passionnés, avec Jean Pralong (Professeur associé @ NEOMA Business School) et Aude Amarrurtu (Head of People & Culture @ Itelios).
-> La passion que les étudiants participants ont su nous montrer. Le recrutement est une fonction parfois décriée dans l’opinion publique (après tout, nous sommes ceux qui disent plus souvent « non » que « oui), et l’engouement des candidats montre que tous nos efforts pour structurer une communauté d’échanges autour de la profession sur le recrutement innovant, à travers des démarches concrètes de retour d’expérience et de partage (merci les TruParis, merci les AperoRH, merci les communautés en ligne, blogs d’experts, twitter… ok il faut que je fasse un autre article pour parler de ça !), tous ces efforts ont permis d’avoir plus de visibilité, de montrer que ce job a beaucoup plus de profondeur qu’il n’y parait, et la perméabilité des écoles à cette démarche est un énorme succès.
Pour la prochaine fois, on aimerait bien :
-> Avoir des étudiants venant de formations plus variées. La plupart des participants étaient en formation dans des écoles de commerce avec une spécialisation RH, peu d’entre eux étaient issus de l’université, et aucun ne venait d’un Master en Psychologie du travail.
Oui c’est mon cursus, oui c’est mon avis (mais c’est aussi mon blog 😉 ), pourtant je vous parle de factuel. La formation axée Sélection professionnelle de l’Université Paris Descartes reste, à ce jour, celle proposant les enseignements les plus proches de ce qu’on peut attendre d’un recruteur. Si je vous cite quelques compétences cibles du programme :
Analyser les besoins
Fixer les objectifs
Evaluer les personnes
Evaluer les organisations
Evaluer les situations
Définir et concevoir des produits/services
Intervenir directement
Planifier / réaliser / analyser l’évaluation
Donner un feedback
Rédiger un rapport
Garantir la qualité
Appliquer les principes éthiques et déontologiques
Ca vous épate ? Oui cette formation existe. Rajoutez des modules sourcing et marketing RH, et vous obtenez presque le Master Recrutement dont certains rêvent.
-> Avoir une partie de l’évaluation dédiée à l’argumentaire et à la capacité à convaincre avant l’entretien. Si savoir identifier des personnes supposées posséder les compétences que l’on recherche est un vrai sujet (vous remarquez que je n’ai pas utilisé le mot « candidats »), il faut aussi savoir leur donner envie de devenir des candidats. Il faut savoir retenir l’intérêt de profils qui sont très sollicités et leur démontrer la valeur qui serait générée par une collaboration mutuelle.
Plus dure à mettre en oeuvre car plus chronophage, cette partie peut permettre de discerner le recruteur vendeur de poissons de celui qui écoute, comprend, et se soucie honnêtement de l’intérêt de ses candidats.
Bilan : une nouvelle ère du recrutement s’est ouverte.
Les paillettes ne font pas les bons recruteurs. Les recruteurs les plus visibles ne sont pas toujours nécessairement les meilleurs.
Mais les recruteurs, autrefois cachés dans l’ombre, prennent désormais le devant de la scène. Nous avons un métier incroyable, qui demande de jongler avec un nombre de compétences complètement fou, nous travaillons au contact de dizaines de milliers de personnes différentes dans notre carrière, nous avons un impact décisif sur chaque organisation pour laquelle nous recrutons.
Il est temps que les gens (#LesGens, que ce soit des professionnels qui nous côtoient ou le grand public) prennent conscience de la complexité de notre métier et de tout ce que nous mettons en oeuvre pour être sans cesse meilleurs, plus performants et plus humains.
J’ai énormément d’espoir et de fierté quand je vois de nouvelles générations déjà aussi impliquées dans notre métier. Félicitations à tous les étudiants qui ont participé à ce concours : ne lâchez rien. Battez-vous, comprenez vos erreurs, devenez le recruteur que d’autres pensent que vous êtes incapables d’être.
Merci à Laurent Brouat de m’avoir proposé de participer à cette aventure dans laquelle j’ai pris énormément de plaisir. Et soyez sûr que je suivrai la prochaine itération, prévue en Février 2017, avec la plus forte attention !
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